Réouverture de notre rubrique concernant l'histoire du club. Place à ce Tours - ASSE synonyme de record d'affluence à la Vallée du Cher. Une chronique toujours agrémentée par Philippe qui nous fait gracieusement partager ses archives.
Le tirage au sort des 16èmes de finale de la Coupe de France qui va voir Tours recevoir sur sa pelouse Saint-Etienne nous donne l’occasion de nous pencher sur le bilan des confrontations anciennes. Relevons d’abord qu’en Coupe, la seule confrontation entre les deux formations a vu les Verts (alors en Division 2) éliminer les Bleus (Division 1) 1-0 sur terrain neutre lors de la saison 1984-85 au stade des 32èmes de finale. Si l’on examine les résultats des matches précédents des deux clubs dans l’Élite, le constat est tout aussi négatif. Tours a eu à trois reprises l’opportunité à domicile de venir à bout de Saint-Etienne. Trois occasions, trois échecs, trois défaites donc : 1-3 (saison 1980-81), 3-4 (saison 1981-82) et 0-2 (saison 1982-83).
Coup de projecteur sur le match de la saison 81-82 parce qu’il reste gravé dans la mémoire de tout vieux supporter tourangeau en terme de spectacle, de densité offensive et parce qu’il a permis de battre le record d’affluence à la Vallée du Cher avec 22.000 spectateurs.
Cette fameuse saison 81-82 est celle du meilleur parcours du FC Tours en Division 1. L'équipe terminera à la 11ème place du championnat et manquera d’un rien une place en finale de la Coupe de France (élimination contre le Paris Saint-Germain aux tirs au but). La rencontre de gala tant attendue (les Verts ont toujours fait recette) se présente à l’occasion de la 18ème journée. Elle est d’autant plus excitante que Saint-Etienne est alors leader du championnat et terminera dauphin de Monaco, même si personne ne le sait encore.
FC Tours : Desrousseaux - Simondi, Steck, Brulez (cap.), Marais - Lacombe, Dehon, Maroc - Princet, Onnis, Ferrigno. ASSE : Castaneda - Battiston, Gardon, Lopez (cap.), Janvion - Larios, Platini, Zanon - Rep, Nielsen, Nogues.
Match curieux auquel le public aura droit, car si l’avalanche de buts à laquelle il va assister semble logiquement découler de l’analyse de la composition offensive des deux équipes, celles-ci pratiqueront en réalité et presque constamment un 4-4-2 de la plus belle eau, agrémenté de marquage individuel strict et d’absence de prise de risque inconsidérée. Mais pour notre plus grand plaisir ce soir-là, les attaques vont étrangement prendre le pas sur des défenses qui ont décidé de la jouer «portes ouvertes».
« La fête aux attaquants » (L'Équipe)
Après un début très prudent de la part des deux formations, c’est Saint Etienne qui ouvre le score par Platini à la réception d’un ballon de Rep sur corner dont la trajectoire est mal jugée par Guy Lacombe (12ème) : 0-1.
Tours égalise rapidement par Onnis qui de la tête reprend un centre de Jean-Philippe Dehon (18éme) : 1 partout.
Le jeu s’emballe, les occasions se font plus nettes et les Bleus prennent l’avantage avant la pause par Lacombe, le revanchard, à la suite d’un bijou de combinaison entre Brulez, Dehon et Maroc (40ème) : 2-1.
Las, manque de concentration, excès d’euphorie, une double erreur défensive de Desrousseaux d’abord, Marais ensuite, permet à Johnny Rep d’égaliser dans la minute suivante : 2-2 à la pause.
Johnny Rep marque de près le second but de sa formation malgré une parade désespérée de Jean-Marc Desrousseaux (41e)
Le public tourangeau qui n’en demandait pas tant est ravi du spectacle mais il n’a encore rien vu ... Il ne sait pas qu’il va voir ses couleurs reprendre l’avantage 10 minutes après la reprise, Onnis étant à la réception d’un centre de Bernard Simondi : 3-2 !
Les tourangeaux, qui n’ont pas retenu les leçons de la première période, se font immédiatement rejoindre au score sur un tir de Zanon consécutif à une nouvelle erreur défensive (55éme) : 3-3. Ce qui provoquera l’amertume d’Yvon Jublot, directeur sportif du F.C.T. : « Il y a certaines formations contre lesquelles il vaut mieux ne pas faire de cadeaux. Saint-Etienne en fait partie. Malheureusement, j’ai l’impression que nous l’avons oublié ».
Parole d’or. A la 68ème minute, Michel Platini, sur un corner contesté par les tourangeaux, centre pour l’intenable Rep qui crucifie Desrousseaux d’une frappe imparable du gauche : 3-4.
Cruel pour Tours qui ne reviendra pas au score et ne méritait pas un tel dénouement, jetant ses dernières forces dans la bataille de l’égalisation et manquant d’arracher celle-ci à la 78ème minute par l’infernal Onnis, qui après un superbe amorti poitrine, croise un tir qui passe à quelques millimètres du poteau de Castaneda ...
Défaite donc du FC Tours mais magnifique soirée de football avec du spectacle, de l’intensité, du suspense, des buts. Faut-il demander plus ? Oui, selon Delio Onnis, interrogé à la sortie des vestiaires : « D’accord j’ai marqué deux fois, d’accord le public repart chez lui heureux d’avoir assisté à un bon spectacle, mais, en définitive, ce qui est important c’est que ce soir Tours n’a gagné que des figues, rien du tout, zéro. Point ! » Une contre performance qui reste donc en travers de la gorge du goleador qui n’hésite pas à préciser sa pensée : « J’ai l’impression que nous avons joué à 11 contre 12. Face à Saint-Etienne, c’est toujours la même histoire. Un petit coup de pouce par ci, un autre par là et la balance finit par pencher en leur faveur. C’est déplorable ».
L’entraîneur tourangeau Hendrikus Hollink polémiquera moins : « Saint-Etienne a vraiment joué avec le bon Dieu. Ce soir, tout réussissait aux Verts. Il aurait fallu un miracle pour que nous les battions ».
Alors, simple malchance ou malveillance arbitrale ?
A la vérité, l’examen des performances du FC Tours contre les « grosses » équipes de ce championnat 1981-82 (Monaco, Nantes, Saint-Etienne, Sochaux, Bordeaux) montre que celui-ci a bien été incapable de battre une seule de ces cinq équipes, que ce soit à domicile ou à l’extérieur. Signe qu’il manquait tout simplement quelque chose aux Bleus pour leur permettre de viser autre chose qu’une excellente place en milieu de tableau de ce championnat de D1.
Saint-Etienne refoulera donc la pelouse du Stade de la Vallée du Cher le 21 janvier 2015 et les Bleus sont prévenus, même s’il ne semble pas y avoir grand rapport entre les deux époques. Pourtant, le temps ne fait rien à l’affaire. A plus de trente ans de distance, au travers de leurs expériences malheureuses, les anciens ont montré l’exemple et donné aux nouveaux toutes les clefs de la réussite.
Oncle Phil
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