Découvrez la suite de notre rubrique concernant l'histoire du club tourangeau, avec des articles et photos souvenirs d'époques. Une rubrique agrémentée par un supporter tourangeau, Philippe, qui nous fait gracieusement partager ses archives.
Christian Dalger face à Francis Meynieu (n°3), Toulon - FC Tours : 1-1 (Match aller)
Frères ennemis ...
Lorsque Delio Onnis quitte Monaco pour Tours à l’orée de la saison 1980-81, il n’abandonne pas seulement un club dans lequel il se plaît. A une époque où l’argent n’est pas encore devenu roi, dans un milieu où le terme de « mercenaire du football » n’a pas encore été inventé, le déchirement est d’importance ... Car Delio laisse aussi derrière lui ses « potes », dont son ami Christian Dalger, avec qui il joue depuis plusieurs saisons. Un ami mais aussi un excellent footballeur, International A (six sélections) qui a participé à la Coupe du monde en Argentine deux ans plus tôt avec l'Equipe de France ...
Le « Tours flair » incite les dirigeants à vouloir engager Dalger, sa complicité avec le buteur italo-argentin sur et en dehors du terrain n’étant un secret pour personne. L’affaire ne se fera pas, achoppant sur des problèmes financiers. Cette venue eût peut-être modifié le destin du FC Tours, même s’il ne sert à rien de vouloir réécrire l’histoire.
Un destin facétieux qui donne l’occasion à nos deux amis de se retrouver et s’affronter la saison suivante en Coupe de France. Le FC Tours a relativement le sourire lorsque le tirage au sort des quarts de finale lui propose Toulon, club de Division 2. Son avenir est assuré en championnat (il terminera à la 11ème place) et la perspective de terminer en beauté au Parc des Princes commence à envahir tous les esprits. Hollink, le coach tourangeau, tempère pourtant les enthousiasmes. Pour être allé observer Toulon, il en est revenu avec le sentiment qu'il s'agit d'une formation de deuxième division de haut niveau, disposant de toutes les qualités pour monter à l'étage supérieur et possédant un joueur sensationnel, Christian Dalger vous vous en doutiez ...
Le match aller se déroule dans le stade de Bon-Rencontre. Tours aligne Desrousseaux – Simondi, Brulez, Steck, Meynieu – Lacombe, Besnard, Maroc – Ferrigno, Onnis, Augustin. Comme on pouvait s'y attendre, les toulonnais sans complexes démarrent pied au plancher et claquent une première balle sur la transversale dès la sixième minute par l'intermédiaire de Perlin reprenant un coup franc de Dalger. Les tourangeaux empruntés ont du mal à contrer la vivacité adverse, l'attaquant Benedet notamment, mais tiennent le score. A la 46ème minute, Diallo au premier poteau reprend un nouveau coup franc de Dalger et fusille le montant de Desrousseaux !
Tours tient toujours et décroche le jackpot trois minutes plus tard sur contre-attaque, l'inévitable Onnis, combinant avec Maroc, prenant en défaut Marc Duval, le portier local. Les varois, nullement découragés, repartent à l'abordage et finissent par égaliser par Dalger d'un lob astucieux (58ème). Plus rien n'est marqué et ce match nul 1-1 fait les affaires de tourangeaux conscients d'avoir livré une prestation médiocre. « Si nous avions eu Dalger avec nous, il n'y aurait eu aucun problème » disent-ils. Côté Toulon, on entend « Si nous avions eu Onnis parmi nous, nous aurions gagné. »
Le match retour intervient quatre jours plus tard. Les tourangeaux ont l'avantage et sont confiants, de toute façon « nous ne pouvons pas plus mal jouer que nous ne l'avons fait au match aller » (Bruno Steck). Marais rétabli remplace Meynieu à l'arrière, Besnard cède sa place à Princet dans l'entre-jeu et Devillechabrolle pousse Augustin sur le banc. On ne sait quelle sera la stratégie choisie par Toulon mais tout le monde a en mémoire qu'au tour précédent les varois ont éliminé Nancy (Division 1) en l'emportant à Marcel Picot !
Et c'est ce scénario qui se dessine rapidement car passées dix minutes de domination locale, les toulonnais prennent les affaires en main. Pressing constant sur le porteur du ballon, cohérence de jeu, il n'y a qu'une équipe sur le terrain pendant une heure de jeu et ce n'est pas celle que l'on attendait. Tours est mené, Tours est éliminé par la grâce d'un petit but de Diallo à la 26ème minute. Et ça n'est que moindre mal car dans la minute suivante, Dalger a percuté un tir sur le montant de Desrousseaux ! Petit compte rapide, cela fait la troisième fois que Toulon touche du bois contre Tours et difficile dans ces conditions de contester sa supériorité d'ensemble. Une qualification tourangelle relèverait de l'injustice la plus totale et du miracle le plus improbable.
Mais le FC Tours a du cœur et croit en sa bonne étoile en cette épopée 1981-1982. Le bon coaching de Hollink à l'heure de jeu (entrées de Meynieu et Augustin en remplacement de Princet et Devillechabrolle) fait basculer la rencontre. Les locaux se mettent à jouer sur leur valeur et emballent le match, bousculant enfin leurs adversaires, même si la défense visiteuse repousse tout, une défense composée entre autres des solides Alfano, Berenguier et Rabat.
A dix minutes de la fin des débats, le score n'a pas évolué, et Toulon est toujours demi-finaliste. Il ne l'est plus quelques minutes plus tard ! Augustin sur coup franc (81ème) égalise et nous promet la plus excitante des prolongations, mais à la dernière minute Lacombe se bat comme un chien côté gauche pour centrer sur Ferrigno qui marque le but de la qualification. « C'est pas juste » hurlent les Toulonnais, comme titrera Jacques Thibert dans l'Année du football. Dalger n'en voudra pas à Onnis, les deux joueurs quittant la pelouse des Rives du Cher bras dessus, bras dessous, à l'instar de leur sortie du terrain quatre jours plus tôt (photo ci-dessous).
Toulon, toujours emmené par Dalger, accédera à la Première division la saison suivante et une fois parvenu dans l'Elite, se dépêchera d'engager Onnis, quittant le bateau tourangeau en perdition. Il y finira encore meilleur buteur du championnat aux côtés de son pote enfin retrouvé ...
Qui a dit que les histoires d'amour finissaient mal en général ?
Les équipes tourangelles :
Match aller : Desrousseaux - Simondi, Brulez, Steck, Meynieu - Lacombe, Besnard, Maroc - Ferrigno, Onnis, Augustin.
Match retour : Desrousseaux - Simondi, Brulez, Steck, Marais - Lacombe, Princet (Meynieu 60'), Maroc - Ferrigno, Onnis, Devillechabrolle (Augustin 60').
Oncle Phil
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