Voici la suite de notre rubrique concernant l'histoire du club. Agrémentée par un supporter tourangeau, Philippe, qui nous fait gracieusement partager ses archives.
Une percée de Devillechabrolle, excellent tout au long de la rencontre (Match aller, 1-1)
Une leçon à retenir !
Je dois le confesser, je n'arrive pas à complètement détester les défaites. J'aime bien rêver à ce qui serait arrivé ensuite « si » ... Les réussites ont la fâcheuse tendance à sortir plus rapidement de ma mémoire que les échecs qui y restent gravés de manière indélébile. La preuve, je n'ai pas oublié ...
Replongeons-nous dans la saison 1983-84, celle qui verra le FC Tours décrocher le titre de champion de France de Division 2 (contre l'Olympique de Marseille). Une saison glorieuse mais interminable qui obligera les Bleus à batailler jusqu'à la dernière minute pour écarter le RC Paris, seul véritable concurrent dans la poule.
Justement, le RC Paris vient de dominer Tours 3-2 au stade de Colombes et se rapproche à un point au classement lorsque vient le temps d’affronter Sochaux en 16ème de finale de Coupe de France. Jusqu’ici, le tirage a été plus que favorable, mais on note que le FC Tours a eu bien du mal à s'exprimer face à des formations issues des divisions inférieures. Hormis Amilly, étrillé 6-0 au premier tour, les hommes de Guy Briet ont souffert pour écarter Saint-Brieuc (Quatrième Division, 3-2 après prolongations) et Montmorillon (Troisième Division, 2-1). Dans ces conditions, la désignation d’un club de Division 1 comme futur adversaire ne peut qu’inquiéter. Même si les tourangeaux la jouent confiants. Après tout, Sochaux est englué en milieu de tableau, après tout ils n'ont rien à perdre, air connu.
Surtout, c'est l'occasion de s'étalonner face à une formation lambda de cette Division supérieure que l'on espère rejoindre rapidement : « Pour mieux se situer » titre justement l'Équipe dans son article de présentation. Le match aller se déroule au Stade de la Vallée du Cher devant seulement 6.089 personnes, chiffre décevant et étonnant si on le compare par exemple aux 10.101 spectateurs venus voir Montceau en championnat. Guy Briet, qui doit se passer de Loiseau suspendu, aligne : Dobraje - Gressani, Furlan, Lestage, Coiffier - Vercruysse, Polaniok (cap.), Varady - Devillechabrolle, Da Fonseca, Lorenzo. Les Doubistes présentent eux leur équipe type : Rust (cap.) - Dreossi, Posca, Bonnevay, Zandona - Lucas, Colin, Simon, Santos - Anziani, Agerbeck.
Selon la formule consacrée, les absents auront eu tort car Tours démarre pied au plancher et ouvre la marque dès la 4ème minute par la grâce d’un maître coup franc du Hongrois Bela Varady. Les sochaliens, qui ont décidé de toute façon de laisser venir les locaux, sont acculés sur leurs buts (on recensera une vingtaine de corners en seconde période) mais ne céderont plus, malgré les nombreuses occasions franches que se procureront les tourangeaux. Et les sochaliens feront preuve du réalisme qui aura manqué à leurs adversaires en égalisant à la 89ème minute sur une tête du Danois Agerbeck.
« Bien mal récompensés ! », peut-on lire dans la presse spécialisée. Tours voulait donc voir et il a vu. Il a vu que son jeu qui s'apparente plus à celui pratiqué à l'échelon supérieur lui permettait de faire plus que jeu égal avec un club de l'élite. Un bon enseignement et la confirmation qu'il est sur la bonne voie. En se rappelant cependant que Sochaux avait délibérément décidé de se laisser dominer. En se rappelant aussi que très peu d'occasions lui auront suffi pour marquer. En se rappelant enfin que Sochaux a bénéficié d'un pénalty en première période suite à une faute de Devillechabrolle et que Dobraje a fait échec à la tentative d'Anziani (cette saison-là, le gardien tourangeau stoppera 4 penalties sur les 6 concédés par son équipe).
« Rien n’est perdu » assure Dobraje, interrogé en perspective d’un match retour qui s'annonce délicat. Il ne sera pas sur le terrain de Bonal pour vivre l'effondrement de sa formation car c’est Sidaine qui joue ce match retour. Tours muscle son milieu avec le retour de Loiseau et choisit une pointe Da Fonseca - De Zerbi.
Tours a décidé de reproduire le même schéma tactique que les sochaliens à l'aller, attendre et voir, procéder par contres mais il ne connaîtra pas la même réussite. De contres, il n'y aura point. Pas plus que de suspense. Les locaux démâtent le frêle esquif tourangeau ballotté aux quatre vents et scorent à trois reprises (Anziani 41ème, Simon 49ème et Colin 75ème). Les entrées simultanées de Devillechabrolle et Lorenzo à 2-0 ne changeront rien. Et la correction eût pu être plus sévère encore, Lubin et Agerbeck touchant du bois.
« Un bon petit divertissement » sanctionnera l'Equipe dans son compte rendu de la rencontre. Cruel mais lucide. Le FC Tours connait à présent le fossé qu'il lui reste à combler pour bien figurer dans l'élite du football français la saison suivante. L'histoire nous enseignera qu’il n’avait peut-être pas retenu toutes les leçons de cette double confrontation de Coupe de France ...
Les équipes tourangelles :
Match aller : Dobraje - Gressani, Furlan, Lestage, Coiffier - Vercruysse, Polaniok (cap.), Varady - Devillechabrolle, Da Fonseca, Lorenzo.
Match retour : Sidaine - Gressani, Furlan, Lestage, Coiffier - Vercruysse, Polaniok (cap.), Loiseau, Varady - Da Fonseca, De Zerbi.
Oncle Phil
Les milieux de terrain tourangeau, Varady (n°10) et Polaniok (à droite)
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